Entreprise formelle et secteur informel : de nouvelles synergies

Les quinze dernières années ont vu le développement de business models innovants cherchant à concilier rentabilité économique et impact social, notamment dans les pays émergents. Ces modèles sont pour beaucoup d’entre eux à l’origine de nouvelles dynamiques entre entreprises formelles et micro-entrepreneurs informels. David Ménascé, co-fondateur du cabinet de conseil Azao et Professeur affilié à la Chaire « Social Business, Entreprise et Pauvreté » à HEC, revient sur ces nouvelles interactions dans un article publié en octobre dans le magazine de l’OCDE, L’Observateur (© OECD Observer No 308 Q4 2016).

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Pour prendre un exemple concret, le Groupe Bel, qui détient notamment les marques « La vache qui rit » et « Babybel », a lancé en 2013 la plateforme « Sharing Cities » en Asie puis en Afrique. L’objectif est de distribuer les produits du Groupe en s’appuyant sur les réseaux existants de vendeurs de rue et de colporteurs. Pour consolider et motiver son réseau, Bel propose aux vendeurs différents avantages sociaux tels que des produits de micro-assurance ou encore de la formation professionnelle. Dans ce modèle gagnant-gagnant, le Groupe Bel optimise son réseau de distribution au dernier kilomètre et les vendeurs informels améliorent leurs conditions de vie tout en faisant un pas vers le secteur formel.

Pour David Ménascé, ces opportunités de collaboration entre secteurs formel et informel devraient être accélérées par l’essor des nouvelles technologies et notamment du téléphone mobile. Les services de mobile banking comme m-Pesa ou Orange Money permettent aujourd’hui à des entreprises de travailler plus facilement avec des micro-entrepreneurs en leur proposant par exemple des offres de micro-crédit. De la même manière, de nouvelles applications digitales jouent désormais le rôle d’interfaces dématérialisées entre des vendeurs informels et leurs fournisseurs ou clients.

La révolution numérique permet ainsi « d’accélérer considérablement l’innovation et de passer rapidement d’approches très informelles et faiblement organisées à des solutions d’avant-garde ». De nombreuses entreprises ont bien identifié ces nouvelles opportunités et cherchent à mieux repérer les innovations dans les pays émergents ayant un potentiel dans les pays développés, dans une logique d’innovation inversée.

Pour garantir des modèles pérennes et le partage de leurs résultats entre toutes les parties prenantes, la question de la gouvernance doit être centrale selon l’auteur. Les micro-entrepreneurs issus du secteur informel et leurs représentants doivent être intégrés aux processus de décision, par exemple en ce qui concerne l’accès à l’espace public.

Pour consulter l’article dans son intégralité (en anglais), cliquez ici.