60% de la population active mondiale travaille dans le secteur informel

Aujourd’hui, à travers le globe, 2 milliards de personnes occupent un emploi dans l’économie informelle ce qui représente près de 60% de la population active mondiale. Ce chiffre est l’un des résultats obtenus par l’Organisation Internationale du Travail (OIT), agence onusienne qui participe à l’élaboration des normes internationales concernant le travail, dans son rapport publié fin avril : « Women and Men in the Informal Economy: A Statistical Picture ».

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Après une première version publiée en 2002, il s’agit de la troisième édition de ce rapport complet qui se veut un outil pratique pour mieux comprendre et appréhender les enjeux de l’économie informelle. Par définition, cette économie n’est ni régulée ni protégée par les instances étatiques. Dès lors, obtenir des données fiables demeure un enjeu pour parvenir à la formaliser comme le souhaite l’OIT. En juin 2015, la recommandation n°204 de l’OIT a identifié le processus de formalisation comme un enjeu stratégique pour parvenir à atteindre un développement durable et inclusif des Etats-membres. Cette volonté s’est aussi traduite par le 8ème Objectif de Développement Durable des Nations unies, à savoir « Promouvoir une croissance économique soutenue, partagée et durable, le plein emploi productif et un travail décent pour tous ».

L’emploi dans l’économie informelle est une réalité à la fois mondiale et multiforme. Tous les pays sans considération de leur développement socio-économique sont touchés, même si le phénomène est plus prégnant dans les pays en développement notamment sur le continent africain où il concerne 85,8% de l’emploi (68% pour l’Asie et les îles du Pacifique, 68% également pour les pays arabes, 40% sur les continent américain, 25% en Europe).

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Le rapport rappelle avec justesse que travailler de manière informelle n’est pas un choix mais la conséquence d’un manque d’opportunités dans l’économie formelle qui pousse les acteurs à chercher un moyen de subsistance en dehors de sa sphère. De plus, bien que lier automatiquement emploi informel et pauvreté relève d’un amalgame, il prive souvent de conditions de travail décentes. Ainsi, les hommes et les femmes exerçant de manière informelle sont soumis à un risque accru d’être dans une situation de pauvreté, de précarité ou de vulnérabilité.

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L’un des défis majeurs des auteurs du rapport consiste en l’harmonisation des indicateurs pour pouvoir agréger des données significatives à l’échelle mondiale. Au final, quelques résultats intéressants méritent d’être mentionnés :

  • L’informalité touche plus les jeunes et les personnes âgées (près de 75% sont employés par ce biais).
  • 740 millions de femmes sont des travailleuses informelles. En valeur absolue, elles sont donc moins nombreuses que les hommes. Néanmoins, en Afrique, les femmes sont relativement plus touchées : 89,7% des femmes actives travaillent dans l’informel (pour 82,7% des hommes).
  • Dans l’agriculture, 93,6% de l’emploi est informel. C’est le secteur le plus touché par le phénomène.
  • L’éducation joue un rôle clé : 93,8% des personnes n’ayant pas été scolarisées occupent un emploi informel. Plus le niveau d’éducation des personnes est élevé, moins elles sont susceptibles de se retrouver dans un emploi informel.